Il y a quelques années de cela (2015), un rapport réalisé par le théoricien américain Dave Tutelman a mis en évidence l’importance majeure de l’orientation de la face du club à l’impact – aussi bien verticalement que horizontalement – reléguant d’autres facteurs tels que le plan de swing ou l’angle d’attaque à des rôles subalternes dans le mouvement de golf.
Ce rapport, ou plutôt ce constat, s’appuie sur les téraoctets de data disponibles ainsi que sur les outils les plus modernes de prises de vues et de calcul. Sa crédibilité ne saurait être mise en doute.
Depuis le jour de la parution de cette étude – qui n’est pas si lointain – les golfeurs aux ambitions techniciennes ne jurent plus que par le loft, et tentent de l’accommoder à toutes les sauces. Loft, loft dynamique, spin loft … tout y passe.
A chaque fois il est question de proposer une approche différente de la chose, afin de faciliter la compréhension des paramètres qui définissent la relation directe, supposée exister, entre l’angle de la face du club et celui du décollage de la balle : le Launch Angle.
Mais à chaque fois, nos explorateurs de la molécule alvéolée se retrouvent face au même constat : l’angle de décollage est rarement égal à celui du loft. En clair, mon driver lofté à 10,5 degrés provoque un angle de décollage de ma balle de 15 degrés et c’est la même chose avec mes fers. Alors où se cache le loup ?
Tout d’abord, il peut se cacher dans une spécificité architecturale. Il est évident que du fait de la disposition différente des masses, à l’arrière de la face du club, l’angle de décollage peut varier entre une lame et un cavity-back car le centre de gravité de ces deux types de clubs n’est pas placé au même endroit : plus bas sur un cavity-back et plus haut sur une lame. Ce qui respectivement nous donne plus de hauteur de balle avec le cavity-back et moins de hauteur de balle avec la lame.
Toujours concernant la tanière du loup, la seconde évidence est que si elle se situe ailleurs que dans la tête du club, elle ne se trouve évidemment pas dans le grip, ce qui n’aurait aucun sens. Reste donc le shaft. Et en particulier ses points de flexion que nous avons décrits dans le tutoriel que nous leur avons dédié. Car ce sont eux qui vont définir l’angle d’attaque du coup et modifier ainsi les paramètres que sont la hauteur de la balle ainsi que sa quantité de backspin. Le loft du club, pour être bien compris, doit donc être mis en parallèle avec les kick-points du shaft pour donner du sens au constat de Tutelman. Car le launch angle sera supérieur au loft du club si celui-ci plie en partie basse alors qu’il sera moindre avec des points de flexion plus hauts sur le manche, car l’angle d’attaque du club lors de la frappe sera alors plus plat, ou “moins vertical”.
Mais le constat ne s’arrête pas là. Car la qualité de la balle employée va aussi entrer en ligne de compte pour le calcul du “launch angle”, c’est à dire de la hauteur du coup. Pour preuve, au sein d’une même gamme, la balle T2Pin offre des trajectoires basses et sans backspin alors que la T2Pin-X propose le même toucher et la même distance mais avec des trajectoires plus hautes possédant davantage de backspin et qui compensent donc le loft du club. De toute évidence, une bonne connaissance de la technicité des balles vous permettra de trouver un modèle qui vous fera parvenir au launch angle idéal et de comprendre le rôle des différentes compressions et des différents layers que possède une balle, dans ce phénomène.
A l’éclairage de ces différents points, il est probable que les fabricants de clubs, demain, associeront leurs clubs à des types de balles bien spécifiques à chaque besoin. Par exemple, concernant un club supposé aider les joueurs manquant de hauteur et de distance, ils proposeront de la marier à la balle HA-P.U. dont l’architecture “trois pièces à compression modérée” libérera tout le potentiel du club.
Dans un avenir plus lointain, encore, cette juxtaposition s’étendra jusqu’au manche et les constructeurs ne garantiront les résultats de leur clubs que s’ils sont équipés des shafts OUF-C-RED et que la balle jouée est une HA-P.U
Mais à vrai dire c’est déjà le cas aujourd’hui. Simplement les fabricants ne communiquent pas autour de cela et il faut savoir lire entre les lignes pour décrypter leurs catalogues. Car ils ne voudraient pas s’amputer des ventes réalisées par ceux qui en sont encore à rentrer dans un pro-shop pour s’acheter un driver et qui répètent, à chaque argument du vendeur : “de toutes façons je joue des Top-Flite car c’est la balle la plus longue du monde !”
Mais vous, vous n’êtes pas comme ça, n’est ce pas ?….
FdeC.