Contrairement aux idées reçues, l’utilisation des matériaux les plus modernes n’apporte pas toujours les meilleurs résultats lorsqu’on parle de la fabrication de clubs de golf. Si nous prenons comme exemple celui de la couronne (qui est le capot qui couvre la partie supérieure de vos bois) et que nous choisissons comme matériau « High-tech » la fibre de carbone – très présente sur les têtes de clubs ces dernières années – nous réalisons rapidement que les clubs dotés de couronnes réalisées en carbone sont loin d’offrir les meilleures performances, notamment pour les joueurs en dessous de 18 d’index qui produisent une bonne vitesse de tête de club à l’impact (au delà de 90 mph).
Toute l’affaire repose sur une question de placement du centre de gravité de la tête du club, ainsi que sur une constante méconnue : l’universalité du poids de cette dernière.
Pour être clair, si nous prenons l’exemple du driver, toutes les têtes de drivers du monde pèsent 200 grammes, mécanisme d’ajustement inclus, et si vous constatez, en les pesant, une variation de quelques grammes, il s’agit généralement d’un écart lié à la production qui sera corrigé lors du réglage du swing-weight de ces mêmes drivers. Pourquoi 200 grammes, peut-on se demander ? Car si elles pesaient moins, les balles qui seraient frappées avec ces clubs iraient moins loin, et si elles pesaient plus, le joueur ne parviendrait pas à contrôler le club lorsqu’il est lancé vers la balle car son poids relatif (càd le poids qu’il prend avec la vitesse) serait trop important. Il s’agit donc d’une contrainte que toutes les marques appliquent.
Mais pour en revenir à notre couronne et pour savoir si, finalement, vous devez opter pour des couronnes en carbone ou celles, plus traditionnelles, en acier, nous allons nous aider de deux cubes en polystyrène, d’une plaque d’acier de 3mm d’épaisseur et d’une plaque de fibre de carbone de même dimension. Et bien sûr, d’un tube de colle ainsi que d’un cutter, sans oublier l’incontournable balance de cuisine.
Prenez l’un des cubes en polystyrène, collez la plaque en carbone sur sa face supérieure et pesez-le. Disons que vous obtenez un poids de 100 grammes.
Saisissez maintenant le second cube de polystyrène et reproduisez la même opération mais avec la plaque d’acier. Puis pesez-la. Cette fois, la balance indique 140 grammes. Utilisez alors le cutter et retirez 40 grammes de polystyrène de la base du cube coiffé d’acier.
Ça y est, vous avez maintenant deux têtes de clubs de même poids, l’une dotée d’une couronne en acier et l’autre d’une couronne en carbone. Pour que l’expérience soit parfaite, il faudrait idéalement positionner des allumettes sous le cube raboté afin que les deux cubes aient la même hauteur, mais cela n’a que très peu d’importance dans notre expérience. Maintenant, pour finir notre recette imaginaire, posez les deux cubes côte-à-côte sur une table, puis, en visant juste, appliquez une pichenette au centre de chacun des deux volumes.
Comme vous le constatez, le cube couronné par la plaque en carbone reste à peu près stable et a plutôt tendance à glisser sur la table, tandis que celui couronné d’acier s’effondre immédiatement, sa plaque métallique ayant immédiatement tendance à le faire basculer sur un autre de ses côtés. Pourquoi cela ? Simplement parce que dans le cas du cube au carbone, le centre de gravité se trouve pratiquement à sa place habituelle, car le carbone ne pèse quasiment rien. Et dans le cas du cube à l’acier, ce centre de gravité se trouve plus haut car l’acier est plus lourd que le polystyrène.
Transposé en données golfiques, cela signifie que plus le centre de gravité est bas (carbone), plus l’élévation de la balle sera aisée (car si le centre de gravité du club se trouve sous celui de la balle, celle-ci ne peut que s’élever), plus son taux de spin sera important, ce qui augmentera mécaniquement la tolérance du club, plus il sera stable, et plus l’apex de la balle sera haut.
Pour le cas du cube à l’acier, le résultat sera inverse. L’élévation de la balle sera plus difficile, son taux de spin plus bas, sa tolérance moindre, sa stabilité également, et l’apex de la balle sera plus bas.
La description de ces divers facteurs nous donne une idée précise des catégories de joueurs concernés par l’une ou l’autre de ces couronnes : le carbone pour les joueurs ayant besoin d’assistance pour gommer les fautes de contact et possédant une vitesse de frappe modérée à faible. L’acier pour les joueurs bien classés possédant une bonne vitesse de passage et qui recherchent des trajectoires plus basses pour des raisons de stratégie de jeu.
Pour ce qui est de la puissance, nous sommes encore confrontés à deux univers. Les couronnes en carbone n’ont pas la capacité mécanique de rigidifier le châssis du club. Or nous savons que plus ce dernier est rigide, plus la vitesse de démarrage de la balle en sortie de club sera importante. L’acier, quant à lui, participe à la solidité du châssis. Il fournit donc de meilleures vitesses et donc davantage de distance, même si cela reste modéré.
Forts de ces constats, le pari fait par certaines marques de doter leurs bois de couronnes en carbone, y compris sur les modèles réservés à l’élite, est difficile à comprendre, même si ces couronnes sont compensées, à postériori, par des ajouts de masses internes qui compliquent plus qu’autre chose la fabrication de ces clubs.
Pour ceux parmi vous qui hésitent encore entre deux cubes, il reste toujours une solution intermédiaire : le titane. Plus lourd et plus rigide que le carbone, il reste plus léger que l’acier et conviendra parfaitement à ceux qui recherchent une élévation modérée pour une distance proche du maximum.
Dernier point mais pas des moindres : l’acier et le titane se recyclent aisément, ce qui n’est pas le cas de la fibre de carbone.
Vous pouvez donc, dès maintenant, choisir en toute conscience la couronne faite pour votre tête (de driver).
F. de Caumette.