Cela n’aura pas échappé aux limiers les plus fins : nos faces de bois s’écrasent (notamment celles de nos drivers) pour ressembler de plus en plus à un quadrilatère parfait, dépourvu de toute courbe et de tout aérodynamisme.
Autrefois profilées avec soin, les faces de club de nos bois ont toujours connu deux courbures bien spécifiques qui, pour l’une, s’organisait dans le sens vertical et, pour l’autre, dans le sens horizontal. La première se nomme le Roll tandis que la seconde répond au nom (barbare) de Bulge.
Si nous décrivons le rôle de chacune de ces courbures de façon simple nous pourrions dire que la fonction première du Roll est de permettre de visualiser la face de club lorsque le joueur est à l’adresse, tandis que celle du Bulge est de compenser le fait qu’une balle percutée à la pointe de la face de club ait naturellement tendance à adopter un effet vers la gauche, tandis qu’une balle percutée dans le talon de la face de club a naturellement tendance à imprimer à la balle un effet vers la droite.
Le Bulge se chargeait donc de courber la pointe de la face du club vers la droite et le talon de la face de club vers la gauche afin de diminuer artificiellement l’effet que prendrait la balle en étant percutée dans ces zones.
La course à la balle droite avait commencé.
Au cours des dernières années, le travail des fabricants s’est concentré sur un facteur devenu essentiel dans l’esprit des joueurs pour poursuivre la quête de trajectoires de balle rectilignes : l’augmentation du Moment d’Inertie de la tête de club, ou M.O.I. (moment of inertia).
Le principe du MOI est simple: plus la masse du club se reporte sur la périphérie de la tête de club, et notamment sous le centre de gravité de la balle, moins l’effet latéral de rotation de la balle est grand et plus son effet vertical est important (backspin). Et les divers tests pratiqués pour vérifier l’efficacité du système sont sans appel : l’augmentation du MOI pour stabiliser la trajectoire de balle, quel que soit l’emplacement de percussion du club, ça fonctionne !
Grâce au MOI, la courbure de la face de club devient donc inutile puisque, grâce à la répartition des masses, la balle part avec une quantité d’effet latéral quasi inexistante et file toujours droit. Inutile donc de maintenir une orientation truquée de la face de club (Bulge).
Le Bulge et le MOI sont donc superfétatoires et l’un d’eux devait disparaître. En toute logique, le Bulge fut sacrifié car sa courbure ne peut s’appliquer efficacement à tous, et ne convient notamment pas aux joueurs à faible vitesse qui produisent peu de quantité de rotation de la balle sur elle-même et donc d’effet.
Bien entendu, avec sa disparition, c’est toute la sensualité liée aux courbes du club qui a été effacée pour aller vers un monde plus technologique et plus froid. Mais plus efficace.
Pour mémoire, l’augmentation du volume des têtes de clubs (460cc pour un driver) est également le fruit de la recherche de l’augmentation du MOI.
Si le Royal & Ancient de St Andrews impose une diminution du taux maximal du MOI dans les mois à venir, afin de lutter contre les distances excessives au drive, le Bulge réapparaîtra avec son lot de courbes mais si ce dernier disparaît définitivement de nos têtes de clubs, le coupable sera indéniablement le MOI …
Et si nos drivers et bois de parcours deviennent aussi aguichants qu’une Brabant des années 1970, consolons-nous en nous disant qu’elle est dorénavant dotée d’un moteur bi-turbo, c’est-à-dire particulièrement performant.
FdeC.
Avisgolf.