BOOM DU GOLF : le mur de verre.

L’année 2020 fut marquée par un événement historique puisque, pour la première fois, le groupe CALLAWAY coiffait au poteau l’indéboulonnable ACUSHNET, propriétaire de Titleist et de Footjoy, avec un chiffre d’affaire de 1.9 milliards de dollars, devenant ainsi le plus grand fabricant de clubs de golf au  monde. Un an plus tard, l’histoire se répète, avec des chiffres qui dépassent l’entendement : 3,1 milliards de dollars pour CALLAWAY, soit une augmentation de 63% de son chiffre d’affaires en 12 mois. Bien sûr – tous les spécialistes vous le diront – l’acquisition de TOPGOLF et de ses structures de jeu urbaines n’est pas pour rien dans cette augmentation, même si celle-ci n’a représenté que 325 millions de dollars de revenus lors du second semestre 2021. 

La firme californienne serait-elle la seule à avoir profité d’une saison 2021 exceptionnelle ? Pas du tout. L’ensemble des fabricants a enregistré une augmentation des volumes de vente significative, exprimée par une augmentation équivalente des joueurs aux USA mais aussi dans d’autres régions du monde comme l’Asie, et, dans une moindre mesure, l’Europe. Les chiffres évoqués sont spectaculaires : près de 25% de joueurs débutants supplémentaires aux USA, 35% pour le pool Japon-Corée du Sud, et … près de 10% en France.

A l’évidence, ces chiffres exceptionnels nous mènent à un constat étrange mais bien réel: la crise sanitaire du COVID aura été le plus grand vecteur de développement du jeu depuis la création de ce dernier et tant pis si l’afflux de nouveaux joueurs qu’elle génère ne fait que complexifier les problèmes de production des fabricants de clubs dans des temps de pénuries de matériaux et de crise du transport.

En France, certains disent que les “golfeurs covid” sont beaucoup plus nombreux que les golfeurs “Ryder cup” en référence à Paris 2018, qui aura été un succès d’estime plus qu’un succès populaire. Mais dans la réalité personne ne connait les chiffres. Car ils ne sont pas diffusés dans le grand public et que la FFG ne les communique pas auprès de ses licenciés. Impossible de savoir combien de joueurs nous étions avant la crise sanitaire et combien nous sommes précisément à ce jour. Une lacune qui serait facilement comblée par un simple compteur affichant ce chiffre sur le site de la FFG. Mais nous sentons bien que la question n’est pas là. Que la volonté des grands décideurs du golf ne prévoit pas de faire dans la transparence envers ses clients (les licenciés). Et nous sentons bien se profiler un remake du boom des années 80 où la France a profité d’un important accroissement du nombre de joueurs, dans le monde, sans pour autant s’approprier l’esprit du jeu.

Y aurait-t’il un mur de verre entre l’esprit anglo-saxon et le nôtre qui rendrait impossible tout partage ? Regarderons encore une fois le train passer sans proposer nos propres solutions et notre vision du jeu aux milliers de nouveaux pratiquants qui affluent sur les driving-ranges ?  

Beaucoup pensent que la culture britannique est trop éloignée de l’esprit latin, ce qui expliquerait que la France, par le biais de ses entreprises, par exemple, ait du mal à s’exprimer dans le milieu du golf.

Pour ma part, j’estime au contraire que ces cultures sont trop proches l’une de l’autre. Et que nous n’avons pas encore décidé qui serait le patron dans la nouvelle cour d’école …

Plus que jamais, la question que nous devons nous poser n’est pas de savoir ce que le golf peut faire pour nous mais bien ce que nous pouvons faire pour le golf. 

Personnellement, c’est une question que je me pose tous les jours…

FdeC.