“Cherche champion désespérément !”
Tandis que les champions de golf actuels se déchirent entre le LIV et le PGA Tour, le classement mondial se lézarde entre les Classiques et les Modernes, cherchant une nouvelle impulsion, un nouveau détonateur, qui puisse lui redonner une teneur. Et c’est vers les professionnels les plus jeunes que les regards se tournent. Dans leurs rangs, certains sont promis à un bel avenir mais, outre certaines performances aussi stupéfiantes que ponctuelles, il ne s’en dégage pas de véritable leader et nous ne voyons pas de nouvelle vague – talentueuse et iconoclaste comme il se doit – revendiquer la domination du golf de demain et de son pathétique chaos.
Alors tout le monde cherche. Les fédérations, les agents, les organisateurs de circuits ou de tournois, les coachs, les sponsors, tous sont en quête de la pépite de demain et leur exploration les amène à fréquenter de plus en plus les bancs des facultés, voire les préaux des cours d’écoles.
Greg Norman ne vient-il pas proposer un pont d’or à une jeune recrue pour qu’il rejoigne la Saudi League alors que le prétendant sort à peine de l’université et n’a participé qu’à trois tournois pros ?
Mais, finalement, la position que prendra ce Rookie importe peu. Ce que nous retiendrons, par contre, c’est la pénurie de prétendants aux lauriers à venir. Car le nombre de jeunes joueurs qui délaissent la compétition professionnelle augmente dramatiquement, année après année. La raison en est simple : le chemin à parcourir est trop long, trop dur, et surtout trop incertain, trop aléatoire. Car la plupart des espoirs de demain doivent jongler avec les besoins d’entraînement inhérents au métier de joueur et des contrats d’assistants, dans les clubs, qui les cantonnent à des jobs dans lesquels ils tapent plus souvent sur un ordinateur que dans une balle de golf. Quand on sait que leur rémunération avoisine alors celle d’une femme de ménage, on comprend que leur belle motivation ne résiste pas à l’épreuve du temps ni aux sirènes de la vie personnelle et familiale dont ils avaient rêvé.
Plutôt que de se demander (s’il en est encore besoin) si le LIV Tour peut réellement apporter quelque chose de mieux au jeu de golf en y introduisant la notion de jeu d’argent, il aurait été plus bénéfique de s’attaquer au parcours de vie proposé aux futurs champions, car si nous n’y prenons garde, ce seront bientôt des parcours vides de joueurs qui seront le clou du spectacle.
Et là, nous aurons vraiment tout gagné…
F2C.