La technologie d’analyse du swing de golf et des caractéristiques de vol de la balle a terriblement progressé avec l’apparition des radars et dopplers que commercialisent des marques comme Trackman ou FlightScope. Difficile, dès lors, pour un fabricant sérieux, de se contenter de dire qu’un bon club de golf c’est avant tout un grip qui accroche bien, un shaft solide et une face de club bien plate. En fait, l’analyse des données a poussé les club-makers dans leurs retranchements et les a obligé à livrer des clubs dont la technologie est comparable à celle utilisée dans des domaines comme la F1 ou l’aéronautique. Et leur champ d’exploration ne semble pas avoir de limites: effet trampoline, adoption de matériaux ultra performants (titane, fibre de  carbone, uréthane, graphène…), gels d’uniformisation du COR(Coefficient de restitution de l’énergie du club), faces de club conçues par l’IA(Intelligence artificielle cf Flash Face de Callaway), inserts torsadés(Twist Face de TaylorMade), shafts multi composites,etc.

Le niveau technologique est devenu tel que les données avec lesquelles le golfeur doit jongler pour suivre l’évolution du matériel dépassent souvent le stade de connaissance raisonnable que l’on peut attendre d’un individu lambda.

Pour autant, que sont devenues les caractéristiques du fitting telles que nos ainés les connaissaient et, surtout, a t-on réellement exploité, jusqu’à la trame, les éléments constitutifs d’un fitting morphologique de base? Rien n’est moins sûr.

Pour mieux comprendre, prenons ce qui semble être l’une des grandes évolutions de 2019: l’équilibrage des clubs. Nous observons depuis la fin de 2018 un retour vers les bases définies par Karsten Solheim, le fondateur de PING, pour qui le club de golf idéal se doit d’être raide et léger à la fois. Tous les fabricants se sont engouffrés dans cette voie et il s’agit d’une véritable avancée qui se traduit par un jeu plus performant, plus facile (donc plus régulier) et moins contraignant d’un point de vue anatomique. Mais qui dit “équilibre” dit également “poids” et là, nous aurions un ou deux mots à dire.

La prochaine fois que vous vous trouverez à la plage, profitez-en pour améliorer votre golf! Trouvez quelques cailloux ou coquillages de taille et de poids variés et placez-vous à la lisière des vagues, face à l’océan ou à la mer. Saisissez-vous du plus léger de vos cailloux ou coquillages et lancez-le dans l’eau avec pour objectif de l’envoyer le plus loin possible. Si le caillou était vraiment léger, vous pouvez avoir utilisé toute la force ou la vitesse que vous voulez: le caillou ne doit pas avoir parcouru une grande distance. Quelques mètres, tout au plus.

Prenez maintenant un caillou d’un poids moyen dans la gamme de ce que vous avez en mains et renouvelez l’opération. Cette fois la masse a dû parcourir une distance bien plus importante. Avec un peu de talent, ce sont plusieurs dizaines de mètres d’océan que votre projectile a dû survoler avant le “splash”! Plus c’est lourd, plus ça va loin! a-t-on envie de penser. Alors autant pousser l’expérience jusqu’au bout, prenez votre projectile le plus lourd et lancez-le à son tour. Vous vous êtes bien concentré, vous avez rassemblé toute vos ressources et toute votre énergie et vous propulsez la masse en l’air, fier par avance de la distance que vous ne manquerez pas de parcourir. Et là, au beau milieu d’une course que vous estimiez prometteuse, le caillou cesse son vol et retombe lamentablement dans les vagues, bien plus court que le précédent, Que s’est-il passé? Rien! Vous venez simplement de dépasser votre rapport poids-puissance idéal.

Bien entendu, vous n’avez pas envie de rire. L’échec d’une théorie est toujours une forme d’échec de l’intelligence. Mais voici de quoi vous consoler:

  • aucun être humain ne peut faire parcourir une grande distance à un objet qui n’a que peu de masse (voir formule de l’énergie cinétique E=1/2MxV²).
  • aucun être humain ne peut faire parcourir une grande distance à un objet ayant beaucoup de masse (pour les mêmes raisons qu’à l’alinéa précédent)
  • tous les êtres humains obtiennent un lancer maximal dans une gamme de poids définie. Au golf, cette gamme de poids va de 200 à 300 grammes, tous genres confondus (poids de la tête du club) et la progression admise d’un club à l’autre est de 7 grammes.

Mais une gamme c’est surtout et avant tout… une gamme! Cela signifie qu’être dans lot ne signifie pas que nous ayons tous le même poids idéal de lancer. Pour certains cela va être 250 grammes, pour d’autres 285 ou 300 et pour d’autres 225 ou 200. Attention: ce paramètre joue directement sur votre vitesse de lancer, c’est à dire sur votre distance !

Mais les fabricants ne peuvent pas être passés à côté de quelque chose de si important!, vous entends-je penser. Et vous avez raison. Sauf que leur approche du sujet est bien partielle par rapport aux merveilles qu’ils nous promettent sur des points bien plus impalpables. Trois à quatre grammages de manches en moyenne par flexibilité (deux pour le carbone et un ou deux autres pour l’acier), un poids initial de la tête du club qui n’est jamais minimaliste, permettant donc de rajouter du poids mais pas d’en enlever et un poids de grip unique (hormis pour le putter) et non modifiable. Tout est dit… Partant de là, si le joueur trouve son club trop lourd ou pas assez, on lui proposera de modifier le swingweight de ses cannes. Sauf que le swingweight d’un club ne conditionne pas son poids mais le rapport de flexion existant entre le poids de la tête du club et la rigidité du manche. Poids et rigidité, c’est un peu comme cocos et abricots. Ça ne signifie pas exactement la même chose.

Alors, à quand un club extra-stiff avec un poids total inférieur à 250 grammes? Ou un modèle Lady pesant plus de 300 grammes? Mais surtout, quand pourrons nous répartir ce poids à volonté entre le grip, le manche et la tête du club. Les fabricants ont réussi à offrir des clubs aux masses amovibles pour limiter les écarts de trajectoires. Ne pourraient-ils pas réaliser la même chose concernant la répartition des masses dans le club? Certains s’y penchent et c’est étrangement par les putters qu’ils ont commencé (Odyssey Stroke Lab). Il s’agit évidemment d’une initiative que nous jugeons louable et que nous les exhortons à poursuivre.

Alors, s’il vous plait, messieurs les fabricants et club-makers de tout poil, remplissez cette case vide et travaillez autour de cette donnée.

Et tant pis si cette initiative ne vient pas de la créativité des ingénieurs de votre pôle Recherche et Développement mais tout simplement de la boîte à fitting de papa…

FdeC.

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