DISTANCES : le “tee” time du R&A…

Parmi les faits marquants de la semaine passée, l’allongement du trou numéro 13 du parcours d’Augusta – repris par nombre de confrères – n’a peut-être pas été traité avec toute l’attention nécessaire.

Pourtant l’affaire est sérieuse puisqu’elle illustre parfaitement le phénomène qui veut que faute de diminuer les distances – toujours croissantes – que parcourent les pros et les meilleurs amateurs avec leur driver, les parcours se doivent d’augmenter la longueur des trous et étendent donc les surfaces à engazonner (et à entretenir) lorsque leur réserve foncière le permet. 

Dans le cas d’Augusta, la transformation est classée “sensible”. Car le trou concerné fait partie de l’Amen Corner, un coin à trois côtés qui englobe les trous 11, 12 et 13, et se pose comme le moment clé qui décide bien souvent du nom du vainqueur du Master’s, qui se joue chaque année sur ce parcours légendaire.

Bien évidemment, cette transformation s’attirera les foudres des puristes auto-proclamés qui y verront une altération du dessin original et de la philosophie générale du parcours, oubliant que l’Amen Corner n’en est pas à son premier lifting (cf. Tom Fazio en 2002 pour rendre le parcours “Tiger-proof”).

Mais la question n’est pas là.

La vraie question consisterait plutôt à savoir comment le parcours hôte d’un tournoi majeur, qui est forcément en relation étroite avec l’USGA et le Royal & Ancient de St Andrews (qui héberge un autre majeur : The Open), a pu lancer un tel chantier alors que le R&A nous assure depuis deux ans qu’il est en train de régler la question de ces super distances parcourues par les pros ?

La communication entre ces deux corps “décideurs” serait-t-elle incohérente ou tout simplement insuffisante ? Les liens qui unissent généralement les anglais aux américains seraient-ils rompus ?

C’est difficile à croire.

Alors s’impose un autre constat : si Augusta a engagé de tels travaux, qui touchent son économie ainsi que sa réputation, alors qu’il connaît l’avancement du programme de lutte contre les grandes distances, c’est que celui-ci ne modifiera pas intrinsèquement les problèmes liés à la puissance et ne permettra pas d’échapper à un accroissement des longueurs des parcours. En bref, la montagne risque fort d’accoucher d’une souris. Et c’est bien dommage. 

Car les premières indications données par le R&A, il y a six mois de cela, étaient plutôt alléchantes : diminution du volume des têtes de drivers, limitation du moment d’inertie des clubs, … Les mesures envisagées laissaient entrevoir une résolution du problème. 

A ce jour, cet espoir vient de prendre un sérieux coup de plomb dans l’aile et les fabricants de clubs peuvent à nouveau dormir tranquilles (d’ailleurs, ont-ils cessé un jour ?). 

Sans le vouloir, Augusta vient de trahir St Andrews.

Les choses auraient-elles été différentes si le R&A n’avait mis tant de temps à imaginer puis à mettre en place son programme ? Le camp britannique a-t-il été bousculé par une actualité sollicitant excessivement ses ressources (LIV Golf) ? Rien de moins sûr.

Toujours est-il que les différents acteurs du monde du golf ont décidé de ne pas attendre que le thé soit froid pour continuer d’avancer.

Comme quoi, à l’instar des  champs de bataille, nous avons tous notre Grouchy. 

Au golf, de toute évidence, il se nomme R&A.

FdeC.