Quebec : le bon sens des mots.
Quel que soit l’idiome, les mots permettent de véhiculer des concepts, et cela est vrai au golf comme ailleurs. D’une façon simplifiée, nous pourrions dire que tous les mots sont comme des valises contenant un certain nombre d’images, que l’être humain comprend de façon quasi-intuitive, et qu’il va associer pour produire une réaction idoine, riche de toutes les tonalités portées par ces images.
Inutile donc de dire que si les mots employés pour décrire une action sont faux, cette action le sera tout autant. Question de concept, justement…
Nous comprenons alors toute l’importance de la rigueur du choix du vocabulaire lorsqu’on joue au golf puisque la transmission du savoir passe par cette voie orale (ou écrite, ce qui revient au même) afin de maîtriser une gestuelle complexe, riche et souvent multiforme. Et nous sommes donc amenés à nous poser la question de savoir si nous employons les bons mots, sachant de surcroît que ceux-ci sont issus d’une langue Saxonne alors que nous pratiquons l’expression latine.
Prenons un exemple simple : le swing. Ou plutôt le mot “swing”. Dans sa définition littérale il signifie “balancier” et induit, dans la langue anglaise, une notion de rythme. Cela se retrouve parfaitement dans l’une de ses autres acceptations qui concerne cette fois la danse.
En français, par contre, nous l’avons traduit par “mouvement”. Cette fois le mot n’inclut aucune notion de cadence. Un “mouvement” peut être une action totalement linéaire dans sa vitesse … Tournons-nous vers l’Ouest et observons ce que nos cousins d’Outre-atlantique en ont fait. Chez eux, le geste de golf se nomme “lancer”. Le mot, cette fois, ne contient-il pas une notion de rythme ? Le verdict sur ce point est sans appel : Quebec 1 – France 0.
Ajoutons un préfixe à ce “swing” et étudions à nouveau nos traductions réciproques. “Back-swing” : cette fois, à l’évidence, nous touchons le fond … Ce “balancier arrière” (traduction littérale) est appelé “élan” chez les Québécois et – allez savoir pourquoi ? – nous l’avons traduit en France par le mot “montée” qui n’a non seulement aucun rapport avec l’action proposée mais indique au joueur une direction erronée du sens de déplacement du club ! Jusqu’à preuve du contraire, cette notion de “montée” induit un geste se produisant de bas en haut alors qu’il devrait théoriquement s’effectuer de l’arrière (back) vers l’avant.
Le matériel de jeu n’est pas plus épargné par nos égarements verbaux. Si un club de golf est constitué de trois parties majeures (Tête-shaft et grip), l’une d’entre elles, seulement, est dynamique (le shaft). Comment voit on la chose du côté de chez-nous, mais, surtout, comment la nommons-nous ? Nous l’appelons “le manche”, tout simplement. Un mot que nous utilisons également pour qualifier un manque de souplesse (raide comme un manche …) et qui n’induit donc aucune notion de flexion, ce qui est pourtant sa caractéristique première. Les Québécois ont choisi, quant à eux, le mot “tige”. Il nous fait sourire, en France, car il évoque le monde floral. Une chose est sûre cependant : la valise contient bien une image de souplesse, une image dynamique.
Dans un sport aussi exigeant que le nôtre – et principalement lorsqu’on parle de haut niveau – des erreurs d’aiguillages pareilles ont de graves conséquences lors de l’apprentissage. Et nous garderons à l’esprit que les Québécois produisent bien plus de champions que nous dans les rangs professionnels. Question de proximité avec les Américains, direz-vous, et vous aurez raison. Mais si nous posions la question autrement et que nous nous questionnons sur cette proximité : cette dernière ne serait-elle pas renforcée par le partage parfait de concepts communs ? Si votre réponse est non, veuillez reprendre la lecture de cet article depuis le début, s’il vous plaît …
FdeC.