GOLF et CLIMAT : les marques de clubs anticipent les scénarios de demain.

Si le réchauffement climatique ne peut plus être qualifié aujourd’hui de simple hypothèse, ce à quoi nous ne nous attendions pas – au dire des spécialistes de la question – c’est à sa rapidité de développement. A priori, toutes les estimations faites pour 2050 sont dorénavant prévues pour 2035 et celles de 2035… se sont produites hier. Alors faisons un point sur l’avenir probable de notre sport dans l’optique d’une évolution importante et rapide du climat, afin de ne pas tomber de l’armoire quand il nous faudra modifier notre style de pratique. Car soyons-en certains : celui-ci devra évoluer afin de tenir compte des contraintes liées à la chaleur, à la pénurie d’eau qui devrait l’accompagner, et à la dégradation progressive de toutes les structures qui ne situent pas dans des zones géographiquement favorisées.

Pour ceux qui auraient encore des réticences à accepter les transformations auxquelles s’attendre, rien ne vaut un coup d’œil à la politique d’investissement des grandes compagnies de golf américaines afin de savoir ce qu’elles envisagent pour préserver des parts de marché durement gagnées, années après années, dans une activité concurrentielle mais très lucrative.

A l’issue du premier trimestre 2022, CALLAWAY a de nouveau remporté la palme du plus gros chiffre d’affaires devant son principal concurrent, le groupe ACUSHNET, qui possède des marques comme Titleist ou Foot-Joy. Avec 1 milliard de dollars réalisés lors des trois premiers mois de 2022, la marque de “l’appel lointain” réalise le meilleur chiffre, toutes enseignes confondues, sur cette fraction de l’année. Sur le montant énoncé, 322 millions de dollars sont le fruit de la dernière acquisition du groupe, TOPGOLF, qui est venu rejoindre des marques de clubs spécifiques comme Odyssey, Toulon ou Mac Daddy. De son côté, Acushnet fait un chiffre de 606 mllions de dollars malgré des pénuries qui ont mis à mal sa ligne de production des balles Pro V1, ces dernières représentant une partie importante du chiffre d’affaires de la marque.

Au final, les bénéfices de ces deux monstres sont respectivement de 87 et 81 millions de dollars. Une question se pose alors : comment des chiffres d’affaires si différents peuvent-ils donner des résultats nets – ou bénéfices – si similaires ? La réponse tient en un mot : TOPGOLF. Car il y a deux ans de cela, les têtes pensantes de CALLAWAY ont réalisé que fabriquer de bons clubs est une chose, mais que cela ne valait rien si le nombre de pratiquants diminuait année après année du fait de la fermeture de parcours pour raisons climatiques et hydriques, comme cela nous est prédit. Et ils ont donc investi dans une structure garantissant une pérennité de la pratique du golf, quelles que soient les évolutions climatiques à venir. CALLAWAY a jeté son dévolu sur l’enseigne des practices 3.0. Ceux qui ne demandent pas d’eau, pas de gazon, et qui mixent la pratique du golf à une socialisation basée sur la convivialité et l’aspect ludique du jeu.  

Mais les contraintes liées à l’évolution du climat, dans le cadre du golf, ne s’arrêtent pas là. Et TOPGOLF n’est qu’une fraction des solutions qu’il faudra inventer afin que le golf ne se vide pas pogressivement de ses pratiquants. Pour que le golf maintienne son cap, il faudra réduire les surfaces d’arrosage et donc le nombre de trous qui composent un tour conventionnel. Le jeu va devenir plus saisonnier car personne n’aura envie de passer 5 heures sur un parcours sec et sous 40 degrès de température. La création de structures “indoor” va augmenter, faisant la part belle au data et aux simulateurs qui en sont friands. La fabrication de surfaces synthétiques va exploser et elle couvrira toutes les petites structures péri-urbaines qui bourgeonneront autour des plus grandes villes.

Alors, si la situation actuelle n’est pas encore périlleuse pour notre sport, et si CALLAWAY est à  ce jour la seule compagnie ayant anticipé l’avenir en devenant propriétaire d’une société qui ne produit pas de matériel de jeu, restons à l’affût de ce qui se passe Outre-atlantique. Car le jour où Acushnet, PING ou TaylorMade investiront massivement dans des domaines comme les simulateurs ou les gazons artificiels, il ne sera plus temps de se demander comment s’habiller pour aller au golf, mais plutôt celui de savoir si on veut vraiment y aller…

F2C.