GOLF : le B.A.-BAH !!

Lors des années 1970,  la démocratisation du golf en France était une question essentielle. L’hexagone comptait, à peu de choses près, 50 000 pratiquants et parler de golf à son entourage était un peu comme tenter de s’exprimer dans une langue venue d’une autre galaxie. Et pourtant, il avait de la gueule, ce sport… C’était l’époque des Jack Nicklaus, Tom Watson et autres Ballesteros, au verbe rare, dont le jeu flamboyant n’avait d’égal que le style impeccable. De ce que gagnaient ces joueurs, le public n’ avait aucune idée et cela ne l’intéressait en rien. Tout ce qui comptait, c’était de voir ces joueurs au comportement tout droit sorti d’un exemplaire de Vogue s’écharper sur des terrains écossais pour gagner une cruche en métal qui semblait être là plus grande récompense au monde. Il y avait autour de ce sport tout un carcan de règles qu’il fallait respecter afin de pouvoir fouler des pelouses merveilleuses – notamment les règles de l’Étiquette – , et celui qui tournait ces dernières à son avantage s’exposait à ce qu’il y avait de pire dans ce sport si chic : l’opprobre de ses pairs.

L’avenir se construit chaque jour, dit-on. Voyons maintenant, avec le recul d’un demi-siècle, ce que nous avons réussi à bâtir.

Nous sommes aujourd’hui près de 500 000 joueurs en France.

Sergio Garcia, l’un des Dauphins de Ballesteros, vient de quitter le BMW PGA Championship de Wentworth après le premier tour, vexé d’avoir entamé le tournoi par un 76.

Brooks Koepka et Bryson DeChambeau ont passé une année à s’astiquer en se montrant respectivement leurs abdos, comme dans la cour d’école.

Dépassé par les enjeux du LIV Golf, Greg Norman insulte Jack Nicklaus.

Cameron Smith a gagné 2.5 millions de dollars pour sa récente victoire à The Open 2022.

Phil Mickelson est victime d’une forte addiction aux jeux d’argent.

Tiger Woods est victime d’une forte addiction aux blondes.

Angel Cabrera ( vainqueur de l’US Open 2007 et du Master’s 2009 ) purge une peine de deux ans de prison pour violences conjugales.

John Daly se vante d’être généralement saoul avant de taper la balle. Sa consommation, selon lui, tourne entre 35 et 40 bières par jour.

La liste n’est pas exhaustive et la mode actuelle consiste à écouter les épouses (ou les cadets) des joueurs afin de connaître les derniers ragots du circuit. 

Est-ce là l’avenir dont nous rêvions pour le golf ? Cela est loin d’être certain.

A une époque où la survie du golf mondial est engagée, suite à la confrontation du PGA Tour et du L.I.V. Golf, et où les joueurs se voient proposer des dizaines (voire des centaines) de millions de dollars pour adhérer à un camp plutôt qu’à un autre, il serait peut-être judicieux de se demander si ces derniers représentent le golf – en tant que sport – comme nous voudrions qu’ils le fassent.

Il devient alors logique de se demander si le P.I.P. (Players Impact Program) instauré par le PGA Tour pour récompenser les joueurs les plus actifs sur le web pour la promotion du golf (Tiger Woods à remporté ce programme l’an dernier et a empoché 8 M$) est une bonne chose. Car la question se pose : doit-on adhérer au golf du fait de la personnalité de ses champions ou l’attrait de cette activité suffit-il par lui-même ?

Mieux; le comportement de certains est-il l’exemple que nous voulons donner aux plus jeunes afin qu’ils adhèrent au golf et au mode de vie qu’il suggère ?

La responsabilité des organisateurs de tournois (PGA Tour, DP World Tour, LIV Golf,…) n’est pas évoquée, cette fois. Car la question n’est pas de savoir si les millions de dollars proposés à X sont exagérés par rapport aux millions offerts à Y. 

La vraie question serait plutôt de savoir si ces millions sont effectivement distribués à des joueurs qui sont dignes de gagner tant d’argent pour jouer au golf. 

FdeC.