Golf & résidence : « Oui, oui, celle de droite … »

Vraiment, ces gens-là n’ont pas de chance. Quoi que … 

Lorsque les Tenczars, famille américaine de cinq personnes dont trois fillettes ayant entre deux et cinq ans, ont fait l’acquisition d’une résidence sur le trou numéro 15 du golf d’Indian Pond, à Kingston, Massachusetts, ils pensaient avoir enfin trouvé la maison de leurs rêves, bien que n’étant pas des dingues du jeu, ni même des pratiquants de ce dernier.

Il faut dire qu’elle avait de la gueule, cette maison, à en croire le Boston Globe, qui relate l’affaire. De belle taille (300 m2), posée sur un terrain surplombant la droite du fairway, ses baies vitrées donnant sur l’horizon, et sa piscine posée entre le vert tendre du gazon et le bleu du ciel…

C’est d’ailleurs à partir de cette dernière que les choses ont commencé à déraper … si je puis dire.

Lors de la mise en eau de cette piscine, les Tenczars reçurent un premier avertissement, sous la forme d’une balle de golf, frappée du départ du trou, qui pitcha à la volée au beau milieu du bassin, encadré de toute la famille qui profitait du spectacle de la montée des eaux. L’intruse fut retirée de la piscine mais le lendemain matin, ce furent plus de cinquantes balles qui avaient pris sa place. En attendant de pouvoir alerter le club de cette situation et de faire le nécessaire pour sécuriser la maison – et notamment son jardin – il était clair que la propriété devenait impraticable pour les enfants qui furent donc confinés pendant de longs mois à l’intérieur des murs. Le lendemain de cet épisode aquatique, les Dieux du golf – très fâchés – s’en prirent aux menuiseries. Toutes les vitres et baies vitrées de la façade donnant sur le golf furent cassées une première fois, remplacées, recassées, re-remplacées, et re-recassées jusqu’au jour où il fut décidé de remplacer le verre par des bâches en plastique translucides. Le jardin était plus impraticable que jamais, et la jolie maison du bord de golf ressemblait de plus en plus à ces jolies petites demeures qu’on trouve dans le ghétho de Kingston, mais celui de Jamaïque et non pas dans l’État du Massachusetts. Emu de la situation, le club de Indian Pond finit par réagir et proposa aux Tenczars de poser un filet mais celui-ci, selon le club, n’aurait pas une hauteur suffisante pour stopper les balles (3m !). Athina Tenczars et son mari n’eurent d’autre option que de poursuivre le club pour mise en danger de la vie d’autrui et demanda des dommages pour le préjudice subi. Et dans le pays de Mickey, quand on parle de droit et de préjudice, on ne plaisante pas. C’est ainsi que la demande porta sur la coquette somme de 5 millions de Dollars.

Echaudé par le cas de 1996 ou une consommatrice obtint 3 millions de dollars pour un café trop chaud servi par McDonalds, le club s’empressa d’engager de gros travaux, de déplacer le départ du 15, et depuis ce jour aucune balle de golf n’est tombée dans le jardin des Tenczars. 

Lorsqu’on demanda à Athina si elle n’aurait pas mieux fait de vendre sa maison et d’en racheter une autre, loin d’un golf, où sa famille serait en parfaite sécurité, celle-ci répondit qu’il n’en était pas question car cette maison était véritablement son rêve et qu’on pouvait tout lui demander, sauf de renoncer à ça …

F2C.