Greg Norman et Premier Golf League : on est trahi que par les siens !
En ce début d’hiver, on aurait pu imaginer que la cabale organisée par les Saoudiens dans le but d’imposer un nouveau circuit professionnel nommé Premier Golf League (ou Super Golf League) dès 2022, allait s’essouffler et que nous pourrions reprendre une activité normale en se régalant des images du PGA Tour 2021, tranquillement installés au coin du feu.
Il s’agissait d’écouter la réaction des stars du Tour et de l’ensemble des joueurs pros pour comprendre que personne ne voulait des tournois – sans cuts, mais au nombre de joueurs limité – proposés par les Saoudiens, qui font clairement passer l’argent loin devant la performance sportive. Les menaces d’exclusion du PGA Tour à l’attention des joueurs prêts pour l’aventure y auront certainement été pour quelque chose, doit-on préciser…
Toujours est-il que devant le fiasco de leur putsch, les Saoudiens n’ont pas baissé les bras et ont œuvré dans l’ombre pour avoir le dernier mot.
Ils ont utilisé pour cela deux moyens aussi détournés que malsains.
Tout d’abord, ils ont usé de leurs dollars pour se créer une voie d’accès au classement mondial, minimisant ainsi les répercussions d’une éventuelle exclusion des joueurs des tournois organisés par le PGA Tour. Il leur aura suffi pour cela de s’engager à sponsoriser 10 épreuves du circuit Asiatique pendant les 10 ans à venir, soit de mettre sur la table 200 M$, ce qui n’a posé aucun problème, ni aux uns, ni aux autres … L’accord, à ce jour, est conclu.
Leur deuxième axe stratégique a consisté à introduire un loup dans la bergerie des pros. Il leur fallait un candidat ne jouant plus le PGA Tour (pour échapper aux sanctions directes d’exclusion du circuit), dont l’aura soit forte dans la communauté des champions, qui ait un goût plus prononcé pour l’argent que pour la morale, et qui ait un égo suffisamment mal placé pour se faire le héraut de la Super Golf League sans rougir. Pour rappel, le but final de cette nouvelle ligue consiste à faciliter les paris d’argent.
Un seul candidat correspondait parfaitement au poste : l’australien Greg Norman.
Car si on se penche de plus près sur la carrière du joueur, on se souviendra que ce dernier fut probablement le joueur le plus rapide de l’histoire à se lancer dans le design et la réalisation de parcours clés en main une fois son titre de numéro Un mondial en poche. Qu’il s’empressa de créer une ligne de vêtements de golf sous sa marque White-Shark (son surnom de joueur) tout aussi rapidement. Qu’il fut l’un des promoteurs des Skin-Games, dans les années 90, qui opposaient des champions dans des matchs saturés de dollars, joués dans des formules de jeu à grand spectacle. Qu’il cultive une image de sex-symbol ridicule en posant nu pour les médias à 63 ans. Qu’il ne se préoccupe absolument pas des grands débats du golf moderne mais leur préfère l’entretien de ses armes à feu adorées …
Mais sur ce coup-là, on a frisé l’air shot. Car aujourd’hui les joueurs ne se laissent pas berner par les anciennes gloires, surtout quand celles-ci ont encore un petit bout de billet de 100 coincé entre les dents. Rory McIlroy a avoué lui-même que l’intercession de l’australien ne faisait qu’augmenter sa colère concernant ce hold-up saoudien qui sue les dollars et la compromission.
Reste que si les joueurs ne se feront pas berner par les promesses diaboliques de l’Australien, les Asiatiques ont déjà dit oui aux instances Saoudites. Et qu’on le veuille ou pas, 2022 verra la Super League faire ses premier pas sous les projecteurs de l’Asian Tour..
Il ne reste plus que deux questions qui attendent des réponses :
Combien a touché Greg Norman pour trahir ses pairs ?
Comment un pays comme l’Arabie Saoudite peut-elle dicter sa loi au monde du golf avec 10 parcours recensés sur son territoire ?
Cette dernière interrogation est, de loin, la plus importante.
La première est bien trop vulgaire.
Et elle fait trop mal…
FdeC.