Masters 2022 : le grand “fanatorium”.
Pendant quinze jours, comme chaque année, Augusta va devenir le centre d’attention favori des médias et va éclipser tous les autres événements sportifs, à l’occasion du plus beau tournoi majeur de golf de l’année : le Masters. Et il faut dire qu‘il fait rêver, ce Masters …
Inventé par Bobby Jones parce qu’il avait remporté les trois Majeurs de l’époque au cours de la même année (Grand Chelem), ce quatrième Majeur devait lui permettre de consolider sa place de meilleur joueur de tous les temps en fixant un objectif impossible à atteindre par un éventuel prétendant : quatre victoires dans les quatre plus grandes épreuves, au cours de la même saison. Pour info, Tiger Woods y est tout de même parvenu en en remportant cinq d’affilée, à cheval sur deux saisons, il est vrai…
Bien sûr, pour être à la hauteur de ses grandes ambitions, le Masters nécessitait un parcours et un club tout aussi exceptionnels : l’Augusta National.
Club privé par excellence, l’ANGC (Augusta National Golf Club) est devenu une véritable institution qui interdit son accès à tout joueur extérieur, et ne laisse ses membres utiliser son parcours que six mois sur douze afin de le laisser reposer le reste du temps, dans la perspective de l’Épreuve. Les heureux propriétaires de villas sur le resort ont même l’obligation contractuelle de mettre ces dernières à disposition du club, pour ses invités, plusieurs semaines par an. En bref, il est aujourd’hui plus simple de faire un voyage dans l’espace que de planter son tee au départ du Un d’Augusta !
Il n’en aura pas fallu plus à un site de paris sportifs US (time2play.com) pour lancer un sondage afin de savoir ce que les golfeurs américains étaient prêts à donner pour fouler du pied les graviers de Magnolia Lane.
Le résultat est édifiant.
Selon time2play.com, sur un panel représentatif de 1000 joueurs, le green-fee moyen que les golfeurs américains paieraient pour un tour conventionnel (18 trous) serait de 1 165 $ et passe à 3 189 $ pour les joueurs dont les revenus annuels excèdent 100 000 $.
Pour ce qui est des partenaires de jeu (à ce prix-là, jouer seul relève de la dépression ante-mortem), 23% proposent un ami ou un membre de leur famille, et Papa reste une valeur sûre (16%). Pour les pourcentages restants, Tiger Woods mène la danse, suivi de près par Michaël Jordan, Tom Brady, Phil Mickelson et Rory McIlroy.
Attention, les choses deviennent plus graves …
44% des sondés seraient prêts à se raser le crâne, 36% arrêteraient de boire de l’alcool pendant un an et 21% se mettraient à l’eau pendant 3 ans pour un petit tour sur les traces de Bobby. Le sondage ne précise pas si plusieurs réponses par question étaient admises.
17% des prétendants se fendraient d’un tatouage, visible même habillés en costume, suite à leur traversée de l’Amen corner (trous n° 11, 12 et 13 d’Augusta) et 10% d’entre eux se priveraient de films et de télévision pendant trois ans.
Plus inquiétant encore :
9% des joueurs interrogés seraient préparés à sacrifier leur vie sexuelle et à abandonner leurs devoirs conjugaux pendant un an pour pouvoir secouer la balle à Augusta.
Et pour finir, le délire absolu :
3% seraient prêts à rater la naissance de leur premier enfant, et 2% iraient jusqu’à faire adopter leur progéniture pour y rendre un score probablement épouvantable.
Bien entendu, il n’est pas possible de transposer ces débordements à la mode française. Et il n’en est pas question. Nous nous voyons mal déposer nos enfants à la DASS pour aller faire une partie à Morfontaine, n’est ce pas ? Mais ces excès, qui marient volontiers le jusqu’au-boutisme à l’humour, devraient nous inspirer davantage quant à la légèreté que nous devrions également prêter au jeu et à l’effet ébouriffant qu’il sait générer.
Les fans américains sont fous, c’est certain. Mais on ne peut pas leur en vouloir. Car c’est leur passion sans bornes qui transpire de leur exubérance.
Et ça, nous, on adore !
F2C.