MEMORIAL TOURNAMENT / Trop de peinture pour MATSUYAMA.

Il est compréhensible – à ce moment de l’année où tous les yeux sont braqués sur le tournoi du LIV Tour de Londres, qui se tiendra au  Centurion GC, du 9 au 11 Juin, et sur la trahison de Dustin Johnson qui y participera pour 135 millions de dollars – d’oublier que se joue, cette semaine, le MEMORIAL TOURNAMENT de Jack Nicklaus, l’un des plus grands tournois du calendrier du PGA Tour américain.

Vainqueur de l’édition 2014 de l’épreuve, le japonais Hideki Matsuyama, inoubliable lors de sa victoire au Masters 2021, a subi la première disqualification de sa carrière, jeudi, lors du premier tour, pour “utilisation d’un club non conforme”. La canne incriminée est un bois 3, celui avec lequel le joueur japonais a tapé son coup d’engagement au départ du 1. 

La raison de cette non-conformité ? Un ajout de peinture sur la face du club jugé trop généreux pour ne pas être suspect. La raison de cette suspicion ? Le recours à une opération de graissage de la face du club qui serait un moyen déguisé d’augmenter la vitesse de démarrage de la balle lors de la frappe et d’accroître ainsi la distance parcourue par celle-ci. Mécaniquement, le principe de cette affaire est simple et c’est pourquoi sa pratique est devenue aussi chimérique que populaire : une pellicule de graisse appliquée sur la zone d’impact diminue la friction entre la face du club et la balle, diminuant le spin d’autant, et augmentant ainsi le roulement de la balle.

Bien entendu, un joueur du calibre de Matsuyama aurait dû savoir que les traits de peinture qu’il avait tracés sur la face du club étaient illégaux et pouvaient laisser penser qu’ils masquaient ce fameux graissage ou une utilisation de textures prohibées. Et c’est pourquoi le joueur japonais n’a pas contesté sa disqualification bien que, selon lui, les marques peintes n’avaient pour but que de faciliter l’alignement du club.

Mais la chose la plus intéressante dans cette histoire, c’est que l’utilisation de produits diminuant la friction entre la balle et le club est assez mal comprise, globalement, et le joueur n’en retient souvent que ce qui l’arrange ou le fascine. Car si St Andrews, avant de l’interdire, avait fait des test pour vérifier l’efficacité du procédé, il aurait constaté que l’opération rend l’élévation du coup particulièrement aléatoire (il faut que la quantité de produit gras soit parfaitement dosée pour que la balle décolle car le spin est l’un des facteurs majeurs de l’élévation de la balle) et que le seul avantage de cette application est de neutraliser le side-spin, ce qui rend toutes les trajectoires de balles aussi droites que celles tirées au fusil.

Finalement, Hideki Matsuyama a bien fait de courber l’échine et d’accepter sa sanction. Car si la règle concernant l’ajout de certaines matières sur les têtes de clubs est parfois discutable, celle concernant les aides à l’alignement ne l’est pas. 

Or c’était justement le but recherché par le joueur japonais.

Et ça, il ne pouvait pas ne pas le savoir…

F2C.