“MENS ONLY” : LA SQUARE-ATTITUDE DE PINE VALLEY…
Le 30 Avril dernier, le golf très privé de PINE VALLEY (New Jersey, USA) a annoncé à ses membres, suite à un vote interne, la fin de 108 ans de clubisme entre mâles.
Il a imposé l’ouverture du membership aux Ladies, la création d’un vestiaire qui leur soit dédié, ainsi que l’autorisation d’utiliser à leur guise les installations de jeu, c’est à dire – en premier lieu – le parcours.
Il faut dire que ce dernier est extraordinaire.
Pine Valley est un bijou, serti au cœur d’une forêt de pins couvrant plus de 240 hectares, blottie au Sud du “Flower State”. Fondé en 1913 par George Crump (qui voulait en faire un lieu de pratique et d’entraînement, pour les gentlemen de Philadelphie, digne de ses concurrents, New York, Boston et Chicago), Pine Valley a reçu cette année le titre de meilleur parcours des USA ainsi que celui de parcours le plus challenging du Top 100 américain, deux titres décernés par l’incontournable magazine GOLF DIGEST.
Faut-il voir une relation de cause à effet entre ces événements?
Non, dit Jim Davis – président du club – qui justifie cette ouverture tardive à la gent féminine par la simple “envie de ne pas être du mauvais côté de l’Histoire”.
Pourtant, s’il s’agit souvent de ne pas être dans le mauvais clan, concernant l’Histoire, il n’y a cependant pas pire que d’en être tout simplement exclu pour cause de retard. Car si nous consultons nos tablettes, nous notons que le Augusta National, hôte du Master’s, accepte les golfeuses en son sein depuis 2012. Outre-Manche, St Andrews, après 260 années de sectarisme, a suivi le mouvement en 2014, et Muirfield, club de l’ Honorable Company of Edinburgh Golfers, lui a emboîté le pas en 2017.
Sur les 3670 golfs privés que comptent aujourd’hui les Etats-Unis, seuls une douzaine de clubs sont encore interdits aux femmes. Le pourcentage est faible, c’est certain. Mais est-il raisonnable ? Car qu’on le veuille ou non, cela signifie qu’une douzaine de bastions demeurent dans lesquels les golfeurs décident que la féminité n’a pas sa place dans leur monde et que le plaisir est plus grand lorsqu’il se conjugue au masculin. Étrange…
Mais ce qui est le plus piquant concernant cette ouverture à contre-temps proposée par Pine Valley sur le sujet du sexisme, c’est son histoire. Car tout n’a pas toujours été rose pour le club phare du New Jersey. Promis à une rapide banqueroute à la mort de son fondateur en 1918, Pine Valley n’a dû sa survie qu’aux dons d’un membre de la famille Crump qui aurait puisé dans sa propre fortune et contracté des prêts personnels afin que le club perdure et devienne ce qu’il est aujourd’hui.
Cette personne était la propre sœur du fondateur George Crump.
Que se serait-il passé si cette dernière, en renflouant le club, avait décidé qu’il serait dorénavant Ladies Only ? Que serait Pine Valley aujourd’hui ? Existerait-il seulement ? Probablement pas. Car trouver de nos jours un investisseur altruiste, capable de financer une structure dont il serait exclu d’office ne doit pas être chose aisée dans le panorama masculin actuel…
FdeC.