SUPER GOLF LEAGUE : le sommeil du Tigre.
Nous aimerions, parfois, que l’actualité ne soit pas ce qu’elle est. Nous la voudrions plus légère, plus ludique, ou tout simplement plus humaine. Or, dans le monde du golf, depuis plusieurs mois déjà, un sujet prend le pas sur tous les autres : celui de la création de la Super Golf League saoudienne, et de son intention de ravir ses meilleurs joueurs au PGA Tour pour leur proposer sa version d’un circuit professionnel dans lequel l’argent et les paris seraient des éléments centraux.
La menace proférée par le PGA Tour, pour les joueurs qui seraient tentés par les sirènes saoudiennes, de les priver des épreuves de la PGA, de classement mondial et de tournois Majeurs n’aura finalement entraîné qu’une augmentation de la tension entre les différents partenaires du Tour (dont les joueurs) pour aboutir à des règlements de comptes entre ces derniers. Ambiance far-west …
Tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin dans la création de ce nouveau circuit sont aujourd’hui dans la tourmente. Et tandis que les premiers tournois financés par la Super Golf League ont déjà commencé (Saudi International de février), le déchaînement médiatique fait rage. Greg Norman, CEO de l’initiative saoudienne, se déchaine contre la PGA et promet que l’offensive n’en est qu’à son début, Bryson deChambeau semble désemparé à l’idée de gagner les 135 millions de dollars promis par les saoudiens et tremble à l’idée de se désolidariser du Tour conventionnel, tandis que Mickelson se fend le bloc-moteur en hurlant sa haine d’un PGA Tour qui lui aura donné son palmarès mais qui tiendrait les joueurs sous une coupe despotique, et ne les payerait pas selon leur véritable mérite. Bien évidemment d’autres joueurs expriment le point de vue inverse. Rory McIlroy fait partie de ceux-là, comme Brooks Koepka et bien d’autres. Et du coup le far-west cité plus haut se transforme en véritable jungle dans laquelle survivre sans y laisser sa sacro-sainte image relève de l’impossible.
Alors soudainement nous vient une idée. Qui donc serait en mesure à ce jour de remettre un peu d’ordre dans le charivari qui menace directement et rapidement l’avenir du golf ? Et qui pourrait rallier tous les acteurs du jeu autour d’une pratique apaisée ? Le roi de la jungle, justement. Le Tigre.
Car, si Tiger Woods voulait bien prendre une position tranchante sur le sujet, les intentions tendancieuses de Norman seraient balayées d’un revers de putter. Les cris d’orfraie de Mickelson passeraient pour des caprices d’enfant (trop) gâté, et deChambeau ou encore Ian Poulter (cf édito “Super Golf League & Ryder Cup: le bateau coule normalement…”) ne seraient pas en train de se piquer la rate pour prendre la décision la plus lourde de sens de leur existence. Si Woods voulait prendre la parole, les golfeurs de tous horizons comprendraient l’importance de barrer la route à ceux qui veulent résumer le golf à un simple jeu d’argent et réaliseraient qu’un champion tel que lui n’aurait pas pu avoir une carrière aussi retentissante dans le panorama proposé par les putschistes actuels. Il gommerait par cette fidélité au PGA Tour d’autres infidélités passées mais pas forcément pardonnées…
Alors que fait Tiger ? Pourquoi ne s’engage-t-il pas dans cette croisade plutôt que de donner son avis sur la méthode requise pour permettre de limiter les distances parcourues au drive sur le circuit ? Pourquoi aider le Royal & Ancient de St Andrews, qui œuvre pour ces mesures, plutôt que le PGA Tour américain qui lui a donné la fortune et la gloire ? L’attitude du meilleur joueur de tous les temps est étrange et ne peut s’expliquer que par des relations privilégiées avec les saoudiens.
Souhaitons qu’il n’en soit rien. Et que son silence ne soit lié qu’à son propre questionnement concernant son avenir.
Car, dans ce cas, il pourrait bien se réveiller.
Pour notre plus grande joie.
FdeC.