TAYLORMADE : quand le tailleur se taille ailleurs…

C’est la grande nouvelle de la semaine: le groupe américain TaylorMade a été vendu au groupe privé coréen CENTROID INVESTMENT PARTNERS pour la somme de 1.6 milliards de dollars, ce qui représente la plus grosse vente de l’histoire du golf, loin devant les 1.3 milliards mis sur la table par le groupe coréen FILA KOREA Ltd pour l’acquisition d’ ACUSHNET (Titleist, FootJoy, Adams, etc.) en 2011.

L’affaire fait grand bruit, cela va sans dire, même si tout le monde sait que le vendeur actuel de TaylorMade, KPS FINANCIAL – qui avait investi 425 millions de dollars  pour l’achat de la marque auprès d’ADIDAS – ne s’était porté acquéreur du fabricant de clubs que dans le but de renflouer la compagnie et de la revendre à profit. 

A priori, l’objectif initial est largement atteint…

Mais ce qu’il faut retenir de cette vente, avant tout, ce n’est pas l’impact que ce changement de main aura sur les super-stars qui font partie du team TaylorMade (Dustin Johnson, Rory McIlroy et Tiger Woods). Des bruits laissent entendre que CENTROID INVESTMENT n’interviendra d’ailleurs pas dans la gestion quotidienne de TaylorMade ni dans le développement de ses produits.

Non, ce qui interpelle surtout c’est le virage à 90° que le golf mondial est en train de prendre et qui est soutenu par une acquisition de plus d’une marque américaine par un groupe asiatique. Et si la victoire de Hideki Matsuyama au Master’s 2021 a été vue comme un coup de semonce, elle aurait dû être davantage perçue comme un cri de conquête. Car après la cession de TaylorMade, il deviendra pratiquement impossible de trouver des clubs échappant au label “conçus en Corée, fabriqués en Chine et assemblés à Taïwan”. Pour être précis, seules trois marques pourront proposer une alternative: Ben Hogan, PING et PXG, qui sont les seules firmes appartenant encore à des américains. 

Que les “pro-USA” se consolent: depuis de nombreuses années la plupart des firmes du pays de l’Oncle Sam font fabriquer leurs clubs en Asie pour des raisons de coût similaires à celles que nous connaissons en Europe.

Outre-atlantique, la polémique à la mode consiste à miser sur l’avenir des clubs fabriqués par TaylorMade en mode 100% Asiatique. Ce qui est une erreur. Le regroupement Corée-Japon – actuellement deuxième mondial en matière de nombre de golfeurs – n’a rien à apprendre de l’Ouest pour ce qui est de la fabrication de clubs, forgés ou pas.

Mais plus spécifiquement, concernant TaylorMade, ce sur quoi peu de spécialistes se sont épanchés c’est l’origine de CENTROID et l’exploitation naturelle que le groupe devrait faire de la marque TAYLORMADE. Car à l’instar de NIKE qui a abandonné la fabrication de clubs au profit du textile à vocation golfique – beaucoup plus lucratif -, nous pourrions voir fleurir au fil des saisons à venir des collections “TaylorMade” beaucoup plus étoffées, ce qui – avec une certaine dose d’humour – correspondrait peut-être mieux à l’intitulé de la marque….

Car CENTROID INVESTMENT, rappelons-le, est une entreprise majeure dans la fabrication et la vente de textiles en Asie.

FdeC.