Woods : les 9 vies du Tigre.
Une fois l’émotion de l’accident passée et les esprits rassurés suite à la sortie de route hautement médiatisée du champion américain, un matin de février à Rancho Palos Verdes (californie), les prédictions sont allées bon train concernant les chances de la star de revenir à un niveau de condition physique compatible avec le circuit professionnel.
Nous avons entendu les pessimistes nous rappeler le degré de performance musculaire requis sur le Tour et l’impossibilité de s’y conformer à 100% suite à un accident aussi terrible que celui du Tigre, les réalistes nous dire que le plus inquiétant était que les membres inférieurs soient touchés, et les optimistes nous convaincre que le talent de Woods est tel qu’il aura vite fait de retrouver toute sa maestria sur le circuit mondial, même avec les os en poudre.
Les seconds semblaient bien partis pour remporter le débat lorsque, il y a quelques semaines, Woods a décidé de faire des trous dans son jardin – littéralement -, à grands renforts de bulldozers. Il n’en fallut pas plus pour se persuader que la machine à gagner se remettait déjà en marche et que, pour le moins, il devait avoir un plan en tête pour reprendre si rapidement l’entraînement dans un cadre mieux préparé à cet effet.
Le monde du golf a cru au miracle pendant une semaine puis la nouvelle est tombée comme un porte-feuille tombe dans une flaque de boue : les travaux étaient réalisés pour “junior” qui a décidé de marcher sur les traces de papa. Dans le jargon, cela s’appelle remettre une balle au départ du 1…
Dernièrement, notre ex “meilleur joueur de la planète” s’est mis à faire des apparitions en béquilles, insistant sur la pénibilité extrême de sa rééducation qu’il qualifie comme “plus douloureuse que tout ce qu’il ait jamais connu”.
Alors, soit, nous savons que Tiger – comme tout bon professionnel qui se respecte – gère les problèmes les uns après les autres. Il affronte les difficultés de la vie de façon séquentielle, comme lors de la construction du swing. Mais notons que lorsque l’on met de son côté toutes les chances pour une guérison rapide et complète, sans tenir compte du degré de douleur que cela entraîne, cela sous-entend qu’on est aiguillonné par une ambition bien précise.
Tom Watson – qui est beaucoup moins bavard que Jack Nicklaus – s’est exprimé à ce sujet, ces derniers jours. En bon théoricien du swing, il a indiqué que dans son malheur, le Tigre avait eu de la chance : si le membre inférieur le plus touché dans l’accident avait été le gauche, la carrière du félin serait terminée. Pour des raisons mécaniques, le défaut d’appuis à droite au backswing était gérable et cela avait déjà été démontré dans le passé par d’autres joueurs handicapés à ce niveau. L’ex numéro 1 mondial, dauphin de Jack Nicklaus, a même précisé qu’il ne serait pas étonné de voir Tiger Woods participer au 150éme The Open qui se tiendra en 2022 à St Andrews, probablement pour la toute dernière fois de l’Histoire.
Tom Watson voit-il juste ou se laisse-t-il déborder par la victoire improbable de Mickelson à 50 ans au dernier USPGA? Repense-t-il à l’exploit qu’il a frôlé en manquant de remporter lui-même un majeur à près de 60 ans (second en 2009, à 59 ans, de l’Open britannique disputé à Turnberry)? L’avenir nous le dira.
Mais aujourd’hui nous disposons de suffisamment d’éléments pour garantir que Woods fera son retour sur le circuit mondial.
Reste juste à savoir si ce sera sur le Tour Regular, ou sur le Senior Tour, auquel il pourra participer dans 5 ans.
Quelle que soit l’issue, seule la question subsidiaire demeurera : ce come-back sera-t-il un bien dans la carrière du champion ou au contraire le pire des pièges dans lequel il aurait pu tomber ?
Pour notre part, nous nous attendons à tout : les félins ne sont-ils pas supposés posséder 9 vies ?
FdeC.